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Tech et innovation : le nouveau visage de l’Asie du Sud-Est 


Tech & Industrie

Malgré une révision à la baisse de sa croissance par le FMI à 3,9 % pour 2026, l’Asie du Sud-Est demeure l’une des régions les plus dynamiques et attractives pour les investisseurs en matière de nouvelles technologies et d’intelligence artificielle. Avec une population estimée à 679 millions d’habitants – soit 8,5 % de la population mondiale – et un âge médian de 31 ans, elle incarne un potentiel démographique, économique et technologique en pleine ébullition.

Diversité et contrastes, moteurs d’un écosystème régional

Composée de 10 pays, l’ASEAN présente une mosaïque de cultures, de religions et de niveaux de développement. Tandis que Singapour affiche un PIB par habitant avoisinant les 92 930 USD, Myanmar, en proie à des conflits internes et récemment touché par un séisme, plafonne à 1 176 USD. Les écarts de population sont tout aussi frappants : l’Indonésie compte 284 millions d’habitants, contre 440 000 habitants pour Brunei.

Cette diversité, loin d’être un frein, alimente une dynamique régionale puissante, notamment dans l’économie numérique, moteur de la croissance future.

1. Une innovation en pleine effervescence : startups et écosystèmes numériques

L’Asie du Sud-Est compte aujourd’hui plus de 700 startups spécialisées en intelligence artificielle et environ 50 licornes valorisées à plus d’un milliard d’euros. À titre d’exemple, Gojek, géant indonésien de la Tech, pèse plus de 10 milliards d’euros dans les services de transport et de paiement.

Des villes comme Singapour, Jakarta ou encore Ho Chi Minh Ville s’imposent comme des hubs technologiques majeurs, attirant capitaux et talents. La montée en puissance de secteurs comme la fintech, la santé numérique ou l’agritech témoigne d’un écosystème en voie de régionalisation.

2. Multinationales et gouvernements : catalyseurs de la transformation numérique

Les géants du numérique tels que Google, Facebook ou Amazon consolident leur implantation dans la région, collaborant avec les acteurs locaux et soutenant l’essor de la Tech.

Les gouvernements, de leur côté, multiplient les initiatives : Singapour se positionne à l’avant-garde avec son programme Smart Nation, intégrant l’IA, l’IoT et les big data pour améliorer les services urbains et la qualité de vie. La Malaisie suit avec sa stratégie Industrie 4.0, misant sur l’automatisation et la connectivité.

3. L’intelligence artificielle comme levier du futur

La Thaïlande déploie sa vision 2037 à travers le développement de Smart Cities à Bangkok, Phuket et Chiang Mai, intégrant la silver economy dans ses politiques publiques — les plus de 65 ans représentant 15 % de la population.

Dans la santé, les technologies IA permettent diagnostics prédictifs et traitements personnalisés. En agriculture, elles offrent des outils d’optimisation pour la sécurité alimentaire.

Des pôles comme le Vietnam et Singapour se dotent de centres d’excellence en IA, formant une nouvelle génération d’experts et consolidant leur souveraineté numérique.

4. Inclusion numérique et diversité des opportunités

Des initiatives régionales renforcent l’inclusion numérique : formations au codage pour les jeunes, soutien aux femmes dans la Tech, campagnes d’alphabétisation numérique en zones rurales.

L’économie numérique ouvre la voie à de nouveaux modèles : e-commerce, services publics digitalisés, économie créative. Toutefois, il est essentiel d’assurer l’inclusion des personnes âgées, en situation de handicap ou éloignées du numérique.

5. Les défis persistants à surmonter

L’infrastructure numérique reste inégale entre les pays et à l’intérieur des territoires, creusant la fracture entre zones urbaines et rurales. La cybersécurité devient un enjeu majeur face à la montée de la cybercriminalité et des escroqueries numériques, particulièrement présentes dans des pays comme les Philippines ou la Thaïlande. La protection des données personnelles et le cadre éthique de l’IA sont encore éphémères dans plusieurs États.

6. Vision 2030 : les orientations stratégiques de l’ASEAN

Face à ces enjeux, l’ASEAN adopte une feuille de route ambitieuse :

  • Accélération de la transformation digitale : l’économie numérique pourrait générer 230 milliards USD en 2026.
  • Soutien à l’innovation : les dépenses en R&D sont passées de 10,6 Mds USD en 2002 à 54,9 Mds en 2023.
  • Promotion de l’économie créative : design, médias, contenus numériques comme leviers de résilience.
  • Renforcement de la connectivité : investissements dans le haut débit, les centres de données et la 5G.

Conclusion : une leçon pour l’Europe ?

L’Asie du Sud-Est, avec ses limites et ses forces, s’affirme comme une référence mondiale en matière de transformation numérique. Pour l’Europe, c’est une opportunité d’apprentissage : plus d’agilité, d’expérimentation et de proximité avec les citoyens.

Trois axes méritent d’être renforcés :

  • G2C (Gouvernement – Citoyen) : e-administration, documents officiels numérisés.
  • G2B (Gouvernement – Entreprises) : simplification des procédures, fiscalité en ligne.
  • G2G (Gouvernement – Gouvernement) : partage de données, compatibilité des systèmes.

En somme, l’Asie du Sud-Est façonne un avenir numérique inspirant, où innovation, inclusion et souveraineté technologique sont les piliers d’un développement durable.