Relancer la natalité : un impératif pour notre modèle social
Social & Démographie
La baisse de la natalité n’est plus un simple indicateur démographique : c’est un signal d’alarme. Elle touche aujourd’hui deux tiers de l’humanité et précipite les grandes économies vers un déclin démographique sans précédent. D’ici 2100, certaines verront leur population chuter de 20 à 50 %. Ce basculement silencieux menace l’équilibre de nos sociétés, la soutenabilité de nos systèmes de retraite, de santé, et plus largement, la pérennité de notre modèle social fondé sur la solidarité intergénérationnelle.
La France, longtemps épargnée grâce à un taux de fécondité supérieur à la moyenne européenne, n’est plus une exception. Selon l’Insee, le nombre de naissances a atteint en 2024 son plus bas niveau depuis 1946. Le solde naturel (naissances – décès) est tombé à +17 000 en 2024, contre +140 000 en 2019. Si la tendance se poursuit, les décès dépasseront les naissances dès 2027.
Mais au-delà des chiffres, cette crise démographique ne révèle-t-elle pas une crise de confiance ? Le coût de la vie, la crise du logement, l’éco-anxiété, la précarité professionnelle : autant de freins et un sentiment de protection en berne qui tendent à dissuader de se projeter dans une parentalité.
En tant qu’acteur mutualiste, nous identifions ces différents faisceaux comme des signaux de préoccupation. Notre responsabilité est de participer à comprendre ces dynamiques et promouvoir des solutions contribuant à instaurer un environnement plus favorable aux projets de vie. Notre mission est de protéger, d’accompagner, de créer les conditions d’un avenir désirable. Cela passe par une meilleure protection face aux risques, un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et un environnement propice aux projets de vie. Le dernier baromètre de l’Observatoire de la Protection d’Aéma Groupe révèle que 31 % des Français se sentent mal protégés face aux risques, contre 17 % en 2021. Chez les moins de 35 ans, 69 % se disent exposés aux risques climatiques. Ces chiffres traduisent une inquiétude profonde, mais aussi une attente forte envers les acteurs de la protection.
Relancer la natalité n‘est pas une gageure. Mais cela suppose nécessairement de recréer de la confiance dans un monde qui l’inspire et la suscite de moins en moins. Cela exige donc une réponse globale, structurelle, et durable. Cela suppose enfin de repenser nos politiques publiques sur le long terme.
Face à une crise aussi systémique, il est temps de sortir de la logique de court terme. Comme pour le climat, la démographie exige une vision pérenne, indépendante des cycles électoraux.
La natalité n’est pas qu’une affaire de chiffres. Elle est le reflet de notre capacité collective à offrir un avenir désirable. C’est à cette ambition que nous devons collectivement nous atteler.