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NEETS : la difficile intégration


Social & Démographie

Les NEETs, une population hétérogène, pour laquelle le diplôme est un facteur déterminant

Fin 2024, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET pour « neither in employment nor in education or training ») est de 12,8%. La part de NEETs en France se situe au-dessus de la moyenne européenne (11,2% en 2023). Concrètement, fin 2024, la France compte 1,4 millions de jeunes NEETs, c’est-à-dire plus d’un jeune sur 8, et près d’1 jeune sur 3 dans les quartiers prioritaires de la ville (29% selon l’ANACT et l’INSEE). Parmi les 1,4 millions de NEETS, on distingue les chômeurs classiques, les jeunes nouvellement diplômés du supérieur qui recherchent un emploi (16% des NEETs selon l’étude de l’INJEP en 2020), les jeunes en transition à la recherche d’un emploi idéal, ceux qui se consacrent temporairement à d’autres activités, des jeunes malades, handicapés ou ayant des responsabilités familiales, et des jeunes marginalisés. L’origine sociale pèse lourd puisque 43% des NEETs ont un père ouvrier et 12% un père employé (INJEP 2020). Par ailleurs, une enquête menée par l’institut de sondage IFOP et réalisée en décembre 2021 auprès de 1100 jeunes âgés de 15 à 24 ans en situation de décrochage indique que 34% des NEETS interrogés ont abandonné les cours ou une formation durant leur parcours scolaire (48% l’ont fait au lycée contre 19% au collège et 29% dans l’enseignement supérieur). De fait, c’est la situation des jeunes décrocheurs qui semble la plus préoccupante. Pour rappel, chaque année, près de 80000 jeunes sortent du système de formation initiale sans avoir obtenu une qualification équivalente au baccalauréat ou un diplôme à finalité professionnelle. Parmi eux, on dénombre 60000 mineurs. Le diplôme apparaît comme un facteur déterminant de la situation des NEETs. Ainsi, selon l’INJEP (2020), les sans diplôme éloignés de l’emploi représentent 20% des NEETs. On y retrouve les NEETs les plus vulnérables : 70% sont sans diplôme et 77% n’ont jamais travaillé. Au total, 29% des NEETs sont sans diplôme, et 26% possèdent un CAP ou un BEP. Ainsi, être sans diplôme installe les jeunes dans le chômage et la précarité.

Politique éducative et déterminisme social

La France est un des pays de l’OCDE où l’origine sociale pèse le plus dans les résultats scolaires selon les enquêtes PISA. En outre, la cartographie française des écoles et des collèges selon leur indice de position sociale représentant la situation sociale des élèves face aux apprentissages, montre une concentration d’enfants de milieu modeste au sein des mêmes établissements, et de surcroît au sein de communes ou quartiers à faible revenu. Par ailleurs, les établissements privés concentrent en surnombre les élèves les plus favorisés. L’absence de mixité sociale à l’école ne permet pas de corriger les inégalités liées au milieu social d’origine par le biais d’effets de pairs. Enfin, ce fort déterminisme social s’accompagne d’une faible dépense par élève dans l’éducation primaire, qui ne permet pas d’atténuer les différences culturelles initiales liées à l’origine familiale.

Un coût et un manque à gagner considérables

Le coût direct des NEETs est considérable. En 2011, en comptabilisant l’ensemble des NEETs, le coût total de la non-inclusion économique et sociale de ces jeunes était estimé à 22,2 milliards d’euros pour l’État français, ce qui représentait 1,11% du PIB français (Eurofound, 2012). A l’échelle européenne, le coût total s’élevait à 153 milliards d’euros, soit plus de 1,2% du PIB européen. A ce coût direct, il faut ajouter le manque à gagner de la non-intégration économique et sociale de ces jeunes, car ces derniers sont d’abord et avant tout des jeunes qui pourraient contribuer au développement de l’activité économique et sociale. Selon une note du Cercle des économistes (2021), l’intégration économique des NEETs permettrait un gain de croissance de 0,4 points de PIB environ, ce qui est loin d’être négligeable.

Comment insérer économiquement et socialement les NEETs de façon durable ?

En conclusion, si l’on veut insérer économiquement et socialement les jeunes NEETs de façon durable, il faut d’abord réduire les déterminismes sociaux à l’école de manière à favoriser l’accès à la qualification des jeunes issus des milieux modestes. Ensuite, il faut poursuivre le développement des écoles de la deuxième chance, des EPIDE et des écoles de production, notamment sur les territoires où le nombre de NEETs est le plus important. On pourrait également Renforcer les partenariats de l’AFPA, des missions locales, des EPIDE, des écoles de la seconde chance pour développer les compétences de ces jeunes et répondre notamment aux besoins dans les secteurs en tension. Enfin, il serait utile d’instaurer un suivi de cohorte des jeunes engagés en Contrat d’Engagement Jeune et au sein de la « Promo 16-18 » pour améliorer l’efficacité des dispositifs en proposant des accompagnements complémentaires ou davantage ciblés, et en renforçant l’implication des bénéficiaires. 

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