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Du salaire au sens. L’épanouissement, stratégie gagnante des entreprises


Social & Démographie

Le monde du travail vit une révolution : 61% des salariés considèrent aujourd’hui que le bonheur au travail est plus important que le salaire[1]. Le travail est plus qu’un moyen – de gagner sa vie, de brandir un trophée social ; c’est désormais, pour beaucoup, une fin en soi. Travailler pour vivre… ou vivre pour travailler ? Se réaliser dans son travail, c’est se réaliser dans la vie. On a atteint le sommet de la pyramide de Maslow. Face à ce nouveau paradigme, nous, dirigeants d’entreprise, devons prendre nos responsabilités. Il y va du bien-être de nos salariés et de la performance de nos entreprises. 

Le sujet n’est pas que moral. Il est économique. Le désengagement coûte, l’épanouissement rapporte. Lors de la « Grande démission » de 2021, 48 millions d’Américains ont abandonné leur travail. En 2023, ce désengagement des employés dans le monde a coûté 8800 milliards de dollars en perte de productivité, soit 9% du PIB mondial (Gallup[2]). À l’inverse, un salarié heureux est, selon une étude menée par Harvard et le MIT, 31% plus productif et 55% plus créatif[3]. L’épanouissement individuel a bien un impact sur la performance collective. Il favorise en outre la fidélisation des talents et réduit le turn-over. C’est un avantage concurrentiel décisif sur le marché du travail.

Si le « pourquoi » ne devrait plus faire débat, reste la question du « comment ». Si l’on pense évidemment à la question du sens – selon une enquête Audencia / jobs_that_make sense[4], la quête de sens au travail est une préoccupation majeure pour 92% des actifs – d’autres leviers existent. 

D’abord, donner un cap. Bien expliquer la stratégie, la vision d’une entreprise est un levier d’engagement puissant, trop souvent négligé. Personne n’aime exécuter, nous avons tous besoin de comprendre le sens de nos missions, et quelle stratégie elles servent. 

Donner un cap oui, mais en donnant aussi voix au chapitre. Certes, l’entreprise n’est pas une démocratie, mais elle ne peut plus être un système vertical où seul le dirigeant décide dans sa tour d’ivoire. Associer de manière collégiale les salariés ou les managers aux processus de décision n’est pas renoncer à sa responsabilité de dirigeant : c’est écouter avant de trancher. 

Troisième levier : faire confiance. Il faut s’affranchir d’une culture du présentéisme et laisser aux salariés la liberté d’organiser leur travail. Rassurez-vous, ils ne vont en profiter pour en faire le moins possible ! Bien au contraire. La vraie motivation, celle qui porte des résultats durables, est avant tout intrinsèque. 

Quatrième levier : revaloriser la créativité. Le philosophe américain Matthew Crawford, dans « Éloge du carburateur » (2009), décrivait déjà la déshumanisation progressive du travail de bureau, soumis à la standardisation des procédures et à la déqualification progressive des tâches. Lorsque le travail perd sa substance intellectuelle, sa créativité, les meilleurs instincts des salariés sont bridés. Ils cessent d’être « créateurs » pour n’être plus que des « diffuseurs ». Avec l’essor de l’intelligence artificielle, il devient encore plus crucial de redonner de la place aux compétences créatives. Comme le souligne l’économiste David Autor, les compétences véritablement valorisées seront de plus en plus des compétences transversales comme la résolution de problèmes, la communication ou encore la créativité. 

En France, il a fallu vingt ans pour faire voter les congés payés, 100 ans pour définir qu’une journée de travail dure 8 heures – loi de 1919 – et il a fallu attendre 1972 pour qu’une loi affirme l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui, une nouvelle révolution est en marche pour faire du travail un lieu d’épanouissement des salariés, et non une contrainte. À nous, dirigeants de construire les conditions pour faire advenir cette révolution. Dès aujourd’hui, et sans attendre 100 ans ! C’est un choix de management… et plus largement, un choix de société. 


[1] https://www.sciencespo.fr/executive-education/fr/actualites/il-etait-une-data-61-des-salaries-considerent-que-le-bonheur-au-travail-est-plus-important-que-le/

[2] https://www.gallup.com/workplace/393497/world-trillion-workplace-problem.aspx?utm

[3] https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-comment-rendre-ses-equipes-heureuses-1037248

[4] https://www.calameo.com/read/0001372062a357e31934b

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