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La renaissance industrielle en France à l'horizon 2030


Industries | Modes de production

Étude proposée par strategy&

Après les crises, quelles trajectoires de réindustrialisation ?

  • 98 Mds d’€ d’investissement public et privé supplémentaire dans l’outil productif
  • 430 000 emplois industriels en France à horizon 2030
  • 12 Mds d’€ de réduction de déficit de la balance commerciale en 2030

La France est aujourd’hui l’un des pays les plus désindustrialisés d’Europe et le secteur manufacturier ne contribue plus que pour 10 % à la formation du PIB, alors que la moyenne européenne est à 16 %.

Face à cette situation et dans un contexte de nombreux bouleversements (crise des Gilets Jaunes, pandémie mondiale de Covid-19, conflit entre la Russie et l’Ukraine…), les pouvoirs publics se sont mobilisés avec l’annonce de deux plans d’envergure : France Relance et France 2030, permettant d’injecter dans l’industrie française environ 65 milliards d’euros dont 30 milliards d’investissement publics directement dans l’outil productif. En parallèle, le secteur privé a mis en oeuvre des initiatives de sécurisation des approvisionnements, de régionalisation des chaînes de valeur et donc de relocalisation d’une partie des produits identifiés comme étant critiques.

L’étude « La renaissance industrielle en France à l’horizon 2030 » de Strategy&, l’entité de conseil en stratégie de PwC, présente les impacts directs et indirects que pourraient engendrer les plans France Relance et France 2030 combinés aux initiatives privées en termes de production, valeur ajoutée, emplois et balance commerciale à horizon 2030.


Trois scénarii pour estimer des dynamiques de relance

A partir de ces trois impulsions économiques, Strategy& a modélisé trois scénarii macro-économiques de réindustrialisation des filières de l’industrie manufacturière à horizon 2030.

1 – Scénario conservateur

Pour chaque euro public France 2030 investi dans l’appareil productif, un euro supplémentaire sera investi par le secteur privé, conformément aux ratios historiques mis en avant pour les aides à l’innovation par France Stratégie1. Au regard des hypothèses de relocalisation, ce scénario prend en compte un potentiel de seulement 18 milliards d’euros (3 %), des importations rapatriées en France aux fins de sécurisation des approvisionnements.

2 – Scénario de référence

Pour chaque euro public France 2030 mis à disposition, 2,5 euros supplémentaires seront investis par le secteur privé (conformément aux annonces faites par exemple dans le Plan Hydrogène). En comparaison des hypothèses de sécurisation des approvisionnements, ce scénario projette un potentiel de 26,9 milliards d’euros, soit 5 % des importations rapatriées en France. Ce scénario rehausserait un relatif volontarisme des acteurs industriels français pour l’investissement et le développement industriel, et par la disponibilité des capitaux et des autres ressources nécessaires.

3 – Scénario offensif

Pour chaque euro public France 2030 mis à disposition, 4 euros supplémentaires seront investis par le secteur privé. Au regard des hypothèses de sécurisation des approvisionnements, ce scénario estime un potentiel de 35,6 milliards d’euros soit 6 % des importations rapatriées en France. Ce scénario s’illustrerait à la fois par un volontarisme français et des investisseurs étrangers, et la mise en oeuvre de moyens et de ressources (financières, ingénierie, fonciers, compétences) significativement supérieurs aux dispositifs actuels.


Production, valeur ajoutée, emplois, balance commerciale à horizon 2030 : des résultats encourageants

En choisissant d’appliquer le scénario le plus probable, dit de référence, aux filières industrielles d’avenir, Strategy& met en lumière une projection réaliste des effets potentiels des plans France 2030 et France Relance sur l’économie à horizon 2030 :

  • Générer un investissement public et privé supplémentaire dans l’outil productif de 98 milliards d’euros.
  • Créer plus de 430 000 emplois industriels directs et indirects en France.
  • Réduire le déficit de la balance commerciale pour l’industrie manufacturière à 12 milliards d’euros en 2030.
  • Augmenter la part manufacturière du PIB en passant de 10 % en 2019 à 12 % en 2030.
  • Profiter principalement à certaines filières : l’économie circulaire de matériaux de constructions et du plastique, l’électrification de l’outil productif et de la mobilité, et la relocalisation d’approvisionnements critiques notamment électroniques et pharmaceutiques.

Quelles sont les modalités opérationnelles ?

Au total, près de 70 milliards d’euros d’investissements privés complémentaires aux investissements publics seraient mobilisés pour mener à bien les développements identifiés selon les hypothèses de cette étude. Sur les seize branches de l’industrie, onze d’entre elles pourraient auto-financer leur développement mais cinq branches auraient besoin d’un financement complémentaire d’un total de 20 milliards d’euros. Il s’agit par exemple de la production et distribution d’électricité, l’industrie pharmaceutique, la métallurgie et les produits métalliques ; le bois, papier, imprimerie et les produits informatiques, électroniques et optiques.

Néanmoins, ces investissements sont encore insuffisants pour hisser la France au niveau de ses voisins européens. Pour permettre à la France de rejoindre la moyenne européenne en termes de part de l’industrie manufacturière dans l’économie, il faudrait l’équivalent de 3 à 4 fois l’impact estimé du plan France 2030.

Les enjeux de la mise en application opérationnelle

  • La disponibilité des compétences. Il existe aujourd’hui 70 000 postes vacants dans l’industrie, les dispositifs permettant de former pour anticiper l’appel de compétences des nouveaux sites financés soit par France Relance (100 000 emplois créés ou sauvegardés) soit par France 2030, restent à renforcer ou à mettre en place.
  • La disponibilité du foncier industriel dans un contexte de « Zéro Artificialisation Nette » pour ce supplément d’outil productif ou la disponibilité de l’ingénierie d’accompagnement (projets, financements, autorisations).
  • La question du financement reste également en suspens. PwC avait souligné que la mobilisation de la très significative épargne des ménages français (environ 5 000 milliards d’euros) est contrainte par des dispositifs prudentiels européens et internationaux et par la préférence des épargnants pour les actifs peu risqués2.
  • Le bilan carbone de ces programmes et plus globalement l’impact écologique ne semblent pas avoir été estimés en amont alors que la montée des préoccupations environnementales est au coeur du contexte actuel.

Des analyses sectorielles ont été effectuées sur plusieurs secteurs et sont disponibles sur demande : Industrie pharmaceutique ; Industrie chimique ; Automobile ; Produits informatiques, électroniques et optiques ; Équipements électriques ; Produits en caoutchouc et plastique


1 France Stratégie : Les politiques industrielles en France, évolutions et comparaisons internationales
2 Strategy& PwC, Un plan France Relance complet et massif, au défi de la confiance et de la solidité des fonds propres des entreprises, février 2021