Risque et incertitude, champ de bataille d’une économie frileuse.

La crise économique qui a ébranlé le monde de la finance en 2008, a rendu les individus très frileux face à la prise de risque. Les indicateurs traditionnels, devenus incomplets, incitent désormais à plus de mesure, dans cette économie qui peine à redémarrer.

Lubna OLAYAN, PDG de Olayan Group

Risque et incertitude. « Est-ce l’incertitude qui crée le risque ou le risque qui crée l’incertitude », s’interroge Guillaume Sarkozy, directeur général de Malkoff-Médéric. Deux notions très proches mais qu’il faut néanmoins distinguer. Si le risque peut être évalué, a contrario l’incertitude rend la prévision impossible. « La mondialisation et les nouvelles technologies font monter l’incertitude et l’instabilité de notre monde », explique Philippe Trainar, membre du Cercle des économistes. Il existe donc un lien très fort entre ces deux concepts qui peuvent paraître néfastes pour l’économie. En effet face à l’incertitude, les comportements économiques tendent vers plus de mesure. « Les investisseurs vont se précipiter sur les valeurs refuges, qui ne créent pas de valeur », poursuit-il.  Une conduite qui s’avère contre-productive.

Doit-on éliminer le risque ? Il n’y pas de croissance sans innovation et pas d’innovation sans risque. La relance économique et la sortie de crise semblent liées à cette capacité ou non de prendre un risque. Une vision partagée par Dominique Cerutti, directeur général d’Euronext, pour lui « le risque est nécessaire à la création de valeur ». « Ceux qui ont l’audace de prendre un risque, seront récompensés », confirme Lubna Olayan, PDG de Olayan Financing Compagny. Un concept qui s’avère payant, « en Europe les investissement ont augmenté de plus 37% en 2013 », reprend le directeur général d’Euronext. En économie, la prise de risque revêt donc un aspect souvent positif.

Plus de sécurité, quelle est la place de l’État ? L’incertitude a pour conséquence directe l’accroissement de la demande de sécurité. Les organismes financiers vont ainsi avoir recours à un plus grand nombre de garanties, notamment dans l’octroi des prêts. Dans ce contexte économique incertain, les États ont un vrai rôle à jouer. Pour Philippe Trainar, « ils doivent contribuer à sécuriser l’environnement économique et facilité la prise de décision d’investir ». Mais il faut veiller à éviter un écueil : celui d’immuniser les consommateurs et acteurs économiques des conséquences néfastes de leurs décisions. L’investisseur doit en effet être le seul juge du niveau de risque qu’il est prêt à accepter pour atteindre son objectif final. Pour la présidente de Olayan Finacing Compagny, le rôle de l’État doit se limiter à mettre en place des terrains fertiles qui vont attirer les investissements par des règles strictes et fortes qui appliquent la loi à tous de manière équitable ». Laissant le pouvoir d’appréciation et d’acceptation du risque à l’individu, demeurant seul maitre de ses actions.

Norhène Ouerfelli