Engageons-nous

« Investissez l’Avenir », la demande était ambitieuse et les 100 étudiants présents lors des sessions du vendredi matin des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence ont répondu à l’appel. Pour la deuxième année consécutive, les Rencontres ont laissé la parole à ceux qui sont le plus concernés par l’avenir de nos économies.
Jeunes, c’est sûr, ils le sont. Plein d’espoir, ils le revendiquent. Mais « doux rêveurs » sûrement pas ! Leur constat est réaliste : la crise a montré les limites de notre modèle. Il faut se réinventer, faire face aux nouveaux enjeux. Alors place aux propositions.

Redonner goût à l’engagement. Les intervenants sont optimistes. Ils proposent des solutions pour faire à face à la crise de la prise de risque. Alors pourquoi ne pas redonner du sens à ce que l’on fait pour inciter à l’engagement ? Pour Arnaud Mispolet, étudiant à l’ESSEC, l’entrepreneuriat social est le modèle dans lequel il faut investir à l’avenir. L’avantage est qu’il met l’efficience économique d’une entreprise au service de la société, pour résoudre une problématique sociale. « Le principe est de prendre le meilleur des deux mondes, l’entreprise et l’associatif, même s’ils semblent opposés, » explique-t-il. La rentabilité et la croissance ne seront alors plus les seuls indicateurs de la bonne santé des entreprises.
La bonne nouvelle, c’est que, quelque soit le domaine, la France est l’un des pays européens le plus dynamique en termes de création d’entreprises. « La France n’est pas seulement le pays des déficits, c’est un pays qui en veut, » lance Bastien Cueff, étudiant à Sciences Po Paris. Et pour aider les entrepreneurs, il propose de mettre en place un crédit à taux d’intérêt dégressif. Si les entreprises montrent des signes de bonne santé au bout de trois ans, le but est de les encourager en réduisant la charge financière qui pèse sur leurs épaules.

Penser collaboratif. Il est bien connu que l’union fait la force, alors autant l’appliquer à la création d’entreprise. De nombreux obstacles peuvent se dresser devant les entrepreneurs, mais des outils collaboratifs simplifient certaines démarches. Le crowdsourcing et le crowdfunding permettent d’aller s’approvisionner à l’extérieur en idées (crowdsourcing) ou en fonds (crowdfunding) en court-circuitant les acteurs traditionnels.
Guillaume Parent, étudiant à l’ENS, croit en l’efficacité de la collaboration participative. Il nous met cependant en garde face aux dérives possibles, comme par exemple le développement du sous-travail à cause du crowdsourcing. Pourquoi une entreprise embaucherait-elle, alors qu’elle peut faire appel à une communauté prête à partager ses idées ? Des risques qu’il faut apprendre à gérer.

Investir de manière durable. Pour les intervenants, l’économie doit intégrer de nouveaux besoins, et notamment ceux liés à la préservation de l’environnement terrestre, mais aussi spatiale ! Eric Pujol-de-Goes, étudiant à l’Université d’Orléans  propose de nettoyer la haute atmosphère de ses débris. « Il y a une menace fantôme ! Des milliers d’objets métalliques planent sur nos têtes, » explique-t-il. Anticipé par Donald Kessler il y a déjà 36 ans, l’enjeu est énorme : « d’ici 2050, un lancement spatial sur 10 échouera, » affirme l’étudiant. La solution ? Instaurer un véritable « marché de la dépollution », dont le monopole serait confié à une entreprise. Cette économie serait soutenable, à condition que le secteur privé mène une intervention conjointe avec le secteur public.
Autre domaine : le recyclage. Aurélie Gaudieux, lauréate réunionnaise de l’édition 2014 du concours La Parole aux étudiants, en a fait son cheval de bataille.
Plaçant l’échelle locale au cœur de l’économie verte, elle propose d’investir dans des start-ups insulaires chargées de customiser des biens de seconde main. Pour les déchets organiques, elle encourage le développement des filières de traitement et de revalorisation via le compostage. C’est bon pour la planète… et pour les emplois.

Des nouveaux modes d’enseignement. Rudy Chouvel, étudiant à Sciences Po Bordeaux, souhaite d’abord lutter contre le paupérisme étudiant en réévaluant les bourses au mérite. L’objectif : encourager et « valoriser le travail des étudiants les moins favorisés » tout au long de leur scolarité. Autre idée : supprimer les conseillers d’orientation et les remplacer par des étudiants qui viendraient présenter aux lycéens leur cursus. Et comment demander aux jeunes de s’engager quand ils ne connaissent pas la société dans laquelle ils évoluent ? Rudy Chouvel veut instaurer de « vrais cours d’éducation civique » aux lycées. Et dans ce cas là, pourquoi ne pas faire appel aux étudiants de droit ou de Sciences Po ?

Laurène Sénéchal, Maryne Zammit