Endiguer la fuite de l’épargne

L’Union européenne (UE) fait face à un paradoxe : malgré une épargne abondante, celle-ci continue de s’investir massivement à l’étranger, notamment sur les marchés américains. Si l’épargne européenne privilégie les États-Unis, c’est du fait de rendements plus élevés que ceux offerts dans l’UE. Les rendements réels, tant pour les actions (6,6% par an) que pour les obligations (1,6% par an), sont supérieurs aux États-Unis depuis le début du XXIe siècle. En 2025, la capitalisation boursière américaine représente plus de 66% de celle mondiale pour les actions (50% pour les obligations). Cela s’est accompagné d’une transformation de l’industrie américaine vers des secteurs plus innovants. Cette fuite de l’épargne européenne a été particulièrement mise en lumière par le rapport Draghi. Celui-ci souligne les multiples dysfonctionnements de l’économie européenne, dont l’atonie du marché financier à cause des rendements plus faibles ; mais aussi à cause de la fragmentation des marchés financiers au sein de l’UE. Ce phénomène affaiblit la capacité de financement des entreprises européennes, freine les investissements nécessaires aux transitions climatique, numérique et militaire et rend plus difficile la création et le développement de start-up innovantes. Il est donc crucial de réformer en profondeur les marchés de capitaux européens, en visant leur consolidation et intégration, afin de les rendre plus compétitifs face aux marchés américains. Quels leviers (fiscaux, réglementaires, culturels etc.) actionner pour mieux canaliser l’abondante épargne européenne vers les investissements productifs dont elle a besoin ?