L’illusion de la technologie salvatrice

La notion de croissance verte repose sur l’idée selon laquelle le développement économique peut se poursuivre de manière durable. Il s’agit de passer du régime de croissance « sale » initié par la révolution industrielle, fondé sur l’extraction des ressources naturelles et sur la combustion des énergies fossiles, à un nouveau régime « propre », économe en ressources et décarboné. L’innovation joue un rôle central dans ce changement de régime. Si le progrès technologique a déjà permis des avancées majeures, notamment en matière d’efficacité énergétique et d’émergence d’énergies décarbonées abordables, il génère aussi de nouveaux défis. Chaque solution technique apporte son lot de conséquences environnementales. Par exemple, les énergies renouvelables se substituent aux énergies fossiles au prix de l’extraction de grandes quantités de métaux critiques, tandis que la digitalisation réduit l’usage du papier, au prix d’une explosion de la consommation énergétique des data centers. Miser sur la technologie pour répondre à la crise environnementale est-il un pari rationnel ou une fuite en avant ? La technologie est sans aucun doute une alliée, mais une politique environnementale reste indispensable pour orienter les innovations et éviter qu’elles n’apportent autant de problèmes qu’elles n’en résolvent.