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Les entreprises essentielles au bien-être des sociétés


Entreprises | Modes de vie

Écrit pour la session « Les entreprises essentielles au bien-être des sociétés »

‘’L’entreprise est un acteur de plus en plus incontournable dans les économies contemporaines’’. Je souscris pleinement à ce constat et le complète même avec l’idée selon laquelle l’entreprise est de plus en plus politique.

Soulignons d’abord que les pouvoirs publics laissent volontiers les entreprises en première ligne sur certains enjeux économiques, sociétaux et environnementaux, qui concernent tous les individus et le vivre ensemble. Leur rôle, pour contribuer au bien commun est renforcé par une réglementation toujours plus large dans son périmètre d’application. D’une certaine manière, les entreprises se voient attribuer des missions dont on pourrait plutôt penser qu’elles relèvent de prérogatives étatiques.

Pour prendre un exemple qui concerne l’entreprise que je dirige, en sa qualité d’investisseur institutionnel, évoquons la finance verte, ou plus globalement la finance responsable. Ce sont bien les investisseurs et non l’État qui ont, indirectement, un rôle moteur dans les changements de comportement de nos concitoyens, par exemple sur le sujet des énergies, lorsque les investissements évoqués concernent des entreprises de ce secteur.

photo de Nicolas Gomart
Nicolas Gomart

Pour nous, c’est l’époque du « et ». Performance économique ET engagement sociétal. Notre ambition est de mettre en œuvre un mutualisme d’engagement, qui peut s’appuyer sur la solidité financière du groupe, ses fondamentaux économiques, son développement continu, au service de nos 4,1 millions de sociétaires et, plus largement, de ce qui fait progresser la société.

Autre illustration de ce transfert des responsabilités de la chose publique vers le monde de l’entreprise, avec le « G », c’est dire ‘’Gouvernance’’, des critères ESG, qui permettent d’analyser la performance extra-financière d’une structure. Son champ d’application toujours plus large et la profusion règlementaire amplifient la dimension politique de l’entreprise.

Par ailleurs, les exigences des consommateurs vis-à-vis des marques et des acteurs qui les portent sont prégnantes. Dès lors, la responsabilité des entreprises vis-à-vis d’eux, si elle n’est pas nouvelle, s’en retrouve renforcée, spécifiquement sur les principaux enjeux sociétaux et environnementaux actuels.

On le voit, c’est donc bien un cocktail de contraintes réglementaires et d’engagements volontaires, pour toujours s’adapter aux évolutions des modes de vie et de consommation, qui donne aux entreprises ce rôle de plus en plus marqué de contribution au bien commun.

En tant que dirigeant d’un groupe mutualiste d’assurance, je relève volontiers ce défi. Et ce pour deux raisons principales.

Tout d’abord parce que le domaine de l’assurance, et c’est souvent mal connu et mal compris, est essentiel au dynamisme économique d’un pays. Sans assurance, pas de capacité à se projeter dans l’avenir, à mener des projets ambitieux, à investir. C’est aussi un domaine en prise directe avec de nombreux autres secteurs d’activité : par exemple l’automobile, l’immobilier, le monde médical.

L’assurance est également un des rares secteurs d’activité présent dans le quotidien de nos concitoyens, quasiment tout le temps et à tous les âges.

On s’assure pour protéger ses biens, sa cellule familiale, sa santé, son activité professionnelle, pour garantir des niveaux de vie, de revenus.

On s’assure lorsqu’on est étudiant, puis lorsqu’on entre dans la vie active, qu’on achète un véhicule ou qu’on s’intéresse à d’autres formes de mobilité, lorsqu’on fonde une famille, qu’on crée son entreprise, qu’on commence à penser à la transmission à ses enfants, etc.

Ensuite parce que, comme indiqué, la Matmut est une organisation mutualiste. Nos sociétaires, évoqués précédemment, sont l’Alpha et l’Omega de notre organisation et toute notre attention leur est portée, au quotidien. De facto, les mutuelles ne sont pas un lieu où règnerait une quelconque ambiguïté ou divergence entre ‘’intérêt social et intérêt commun des associés’’. En ce sens, elles sont attrayantes pour de plus en plus de nos concitoyens.

Nos actions convergent toutes vers la qualité du service rendu à celles et ceux qui nous font confiance, en tant que consommateurs et en même temps vers la prise en compte de leurs aspirations, en tant que citoyens.

‘’Les décisions de l’entreprise, sa stratégie, son comportement, affectent l’ensemble de la société’’. C’est très vrai et c’est la raison pour laquelle nous avons mené en 2021 les travaux de formalisation de la Raison d’être de la Matmut, de façon inédite et originale.

Dans un premier temps en consultant l’ensemble de nos sociétaires et de nos collaborateurs, pour recueillir leur avis sur les principaux défis sociaux et environnementaux, actuels et à venir. Nous en avons tiré un baromètre, élaboré avec OpinionWay, « Les transitions de la société française », qui éclaire nos décisions en tant qu’assureur et acteur économique.

Dans un second temps en accompagnant notre Raison d’être d’un manifeste « Raison d’être, raison d’agir ». Car formaliser une Raison d’être, au sens de la Loi Pacte, est tout sauf une opération de communication. C’est une boussole qui guide notre action et structure nos engagements. C’est par exemple le sens de notre adhésion à la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA), une initiative portée par des assureurs, réassureurs et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, pour une trajectoire vers une activité à zéro émission carbone, nette. Et aussi d’une Direction RSE à impact au cœur même du projet d’entreprise.

Pour finir, les particularités du modèle mutualiste, que j’ai décrites dans cette tribune ne nous font pas oublier les réalités et impératifs économiques, au contraire. Nous sommes présents sur les mêmes marchés que nos concurrents différemment structurés, et soumis à la même règlementation. Nous devons donc être compétitifs afin de permettre au groupe de poursuivre son développement et de gérer les richesses produites au mieux des intérêts de toutes nos parties prenantes. Pour nous, c’est l’époque du « et ». Performance économique ET engagement sociétal. Notre ambition est de mettre en œuvre un mutualisme d’engagement, qui peut s’appuyer sur la solidité financière du groupe, ses fondamentaux économiques, son développement continu, au service de nos 4,1 millions de sociétaires et, plus largement, de ce qui fait progresser la société.


Nicolas Gomart, Vice-président et Directeur général du Groupe Matmut